Kévin, Mathéo et Lorenzo, accompagnés par Jean-Paul se mettent au service
Publié le 20 avril 2016, 00h00Une citation vieille de plus de 3000 ans, a été découverte sur une poterie d'argile dans les ruines de Babylone : « Cette jeunesse est pourrie depuis le fond de leur cœur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais capables de maintenir notre culture. »
De tout temps les jeunes sont montrés du doigt. Aujourd'hui, on nomme « Caillera » une catégorie de jeunes de milieu populaire. Mais qui sont-ils ? Quels sont leurs parcours ?
Je m’appelle Jean Paul, issu de ce monde, né dans le nord, notre surnom n'était pas « caillera », nous étions « l'armée noire » (gosses de la rue). Une pomme volée à 3kms aux alentourx et j'étais désigné « coupable ». C'est peut-être pour cette raison que j'accompagne un groupe de jeunes en situation difficile au sein de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) dont le slogan est : " Un jeune travailleur vaut tout l'or du monde, car il est fils de Dieu ".
Ancien plombier, je me suis reconverti à la SNCF en qualité de conducteur de train. Je n'avais donc aucune formation d'éducateur ou de psychologue. Es-ce de l'inconscience ? Quelqu'un de plus grand m'a-t-il aidé ? Mon passé était-il suffisant pour faire face aux difficultés ? Toujours est-il que je me lance dans l'accompagnement d'un groupe de jeunes, avec en fond sonore la musique de mission impossible.
Appelé par deux accompagnatrices de l'ACE (Action Catholique des Enfants) qui éprouvent quelques difficultés face à des ados en situation difficile et ghéttoïsés, je me décide à pousser la porte des salles paroissiales où se rassemble ce petit groupe.
Il aura fallu 2 mois pour percer la carapace protectrice de ce groupe en ayant le sentiment d'être accepté par eux.
A partir de ce moment, plusieurs semaines seront nécessaires pour libérer la parole. Un jour je leur dit : « Mais que faites-vous de vos loisirs ? » La réponse fut claire et directe : « On se fait chier ». La pédagogie de la JOC se fonde sur le voir, le juger et l'agir. Le voir c'est fait, reste le juger et l'agir. Une discussion a lieu sur les freins à faire des activités localement : le regard des autres, les jugements, les moyens ….) Puis vient la question : « Où aimeriez vous aller ? » Un jeune, les yeux scintillant comme une guirlande de noël, dit : « à Paris ». Action, réaction ils iront à Paris.
Après avoir changé leur image de marque, ils réussissent à obtenir le soutient du Maire, du curé, d’associations….. Et obtiennent des subventions. Ils organisent des brocantes, ventes de gâteaux confectionnés par eux….. Élisent 1 responsable, 1 trésorier, 1 secrétaire. La socialisation est en marche. Après Paris en 2013, ils iront en Méditerranée 2014, l’ile de Ré 2015. Les soutiens sont plus nombreux, la CAF, les Francas, des anonymes… leurs apportent leur soutien.
En 2014 ces jeunes croisent le chemin d’une dame, née voyante et devenue aveugle suite à une maladie, elle a créé une association « l’alu du cœur » qui se donne comme but de financer l’éducation de chiens d’aveugle en récupérant les canettes de boisson en alu ou en fer, souvent jetées à terre. Les jeunes apportent leur soutien à cette action. Ils récupèrent, trient et réussissent à attirer l’attention du Maire de Varangéville sur cette problématique, la mairie signera une convention avec cette association. Aujourd’hui des containers sont disposés dans la ville.
Cette année ils ont décidé plusieurs actions, dont un séjour à la Cité Saint-Pierre comme bénévoles. Prévu au départ pour 5 jeunes, ils seront 3 au départ (2 ont du annulé pour cause d’apprentissage) Je dois avouer que j’étais soucieux de l’adaptation des jeunes au bénévolat. C’était sans compter sur les miracles de la cité, avec comme médicament cette parole de Bernadette : « Elle me regardait comme une personne »
Lundi 04 avril les jeunes avaient souhaité projeter un film « l’enfance de Philippe Claudel « L’histoire d’un ado de 13 ans que les circonstances forcent à devenir trop vite adulte, se cogne aux limites de sa petite ville (Varangéville) et de sa vie heurtée, entre sa mère à la dérive et son beau père qui la tient sous sa coupe. » Si se film à touché et montré une réalité peu connue, la présence d’une quarantaine de personnes bénévoles ou salariés à permis à ces jeunes de s’ouvrir aux autres, d’accepter d’être aimé (comme il nous a aimé). Et comme l’un des jeunes à dit : « Je suis athée et personne ne m’a jugé » Que cet amour de l’Homme reste et soit plus fort que les aspects financiers de notre société. Merci à vous tous grâce à vous j’ai 3 belles fleurs qui viennent de s’ouvrir dans mon jardin.
Jean-Paul