La Cité Saint-Pierre de Lourdes a 3 x 20 ans

Supposons que, réunissant en consultation une vingtaine d’experts, des ingénieurs, des sociologues, des financiers, des juristes et des théologiens, on leur pose le problème suivant : que pensez-vous d’un projet qui consisterait à loger et à nourrir gratuitement chaque année 22 000 personnes dans les conditions suivantes :

• Remplir les normes d’un hôtel et ne jamais exiger un tarif, mais laisser chacun verser en fonction de ses possibilités financières et… boucler le budget ;
• Découvrir et embaucher pour le service 27 salariés et 1200 bénévoles à l’année ;
• Trouver grâce, à la fois, devant l’évêque du lieu et devant les hôteliers.
• Savoir accueillir ceux qui ont prévenu et aussi les imprévus ;
• Se plier aux désirs des 76 présidents, des 76 délégués et des 76 aumôniers du Secours Catholique ;
• Tenir compte à la fois des ordres du Conseil d’administration, des désirs des services du Siège et des directives des « régionaux » ;
• Parvenir à animer les groupes amorphes mais sans inquiéter les divers mouvements d’Eglise ;
• Accueillir en plus 60 000 visiteurs anglais, flamands, tamouls et vietnamiens et savoir leur expliquer à la fois le Secours catholique et Caritas Internationalis sous la pluie comme en plein soleil ;
• Grouper à la fois des garçons inconnus et des filles inattendues ;
• Et tenir cet équilibre pendant 60 ans sans catastrophe...

Les experts crieront que le problème est insoluble.
Or c’est ce problème-là que la Cité-St Pierre de Lourdes résout tous les jours depuis 60 ans.
Voilà pourquoi, malgré les poussières indispensables, je suis optimiste.
Résoudre des problèmes humainement insolubles...

On pourrait dire cela aussi de la Cité Abraham lancée au centre du guêpier de Jérusalem.

Et peut-être aussi du Secours Catholique et de son réseau fondé et poursuivi à l’encontre de tous les prudents pronostics des clercs et des laïcs.

Jean RODHAIN

Texte écrit par Jean Rodhain pour les 20 ans de la Cité et remis à jour pour ses 60 ans.

Pour télécharger ce texte :

60 ans, par Jean Rodhain